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Claire Baglin

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Lola Bertels

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Claire Baglin - 2 - 1st chronicle

3 November 2023

Je ne souhaite pas raconter les péripéties du voyage jusqu’à La Hague qui m’ont fait rater le dîner de jeudi, dîner durant lequel je devais rencontrer les auteurs des Chroniques. Dès le prologue j’ai fait le choix (et c’est un choix qui m’appartient) de ne pas faire tourner ces chroniques autour de mon « ressenti » et de mon « expérience » du festival. Dans cette perspective, je reprends cette phrase que j’ai lu chez un auteur qui m’est cher, Marcel Cohen, dans son récit qui vient de paraître aux éditions Gallimard, Cinq femmes : « [J.B Pontalis] proposait de substituer « l’autographie » à l’autobiographie. « L’autographie, notait-il, c’est : j’écris en mon nom, mais je ne me regarde pas dans un miroir. » » Je ne me ferai pas journaliste et je pense que la promotion du festival est assurée de la meilleure façon par les personnes dont c’est le travail. Je préfère m’attacher à la question de la traduction, sentir le « doux effroi de la confusion babélienne des langues » et j’userai du « je » comme le préconise Pontalis.

Pour cette première chronique, je suis d’autant moins tentée de livrer « mon ressenti » que je n’ai rien vu. Je suis arrivée à La Hague. J’ai été repoussé par les vents contraires. Durant le voyage j’ai lu le premier roman d’un auteur que je connais peu malgré notre maison d’édition commune, Jean-Philippe Toussaint. Dans son dernier ouvrage, L’Échiquier, se trouve ce motif de la traduction puisqu’il est question, entre autres, de sa traduction du Joueur d’échec de Zweig, mais dans ce premier roman, le lecteur se retrouve impliqué dans une sombre histoire de salle de bain, de couple, de peintres polonais et d’hôpital, et je lis ceci : « L’après-midi n’en finissait pas, comme toujours à l’étranger, où les heures, le premier jour, paraissent appesanties, semblent plus longues, plus lentes, interminables. Couché sur mon lit, je regardais le jour gris qui traversait la fenêtre. La chambre commençait à devenir sombre. » La tempête, elle, ne recouvre pas le paysage d’une chambre d’hôtel. La tempête appelle la suspension, l’arrêt de toute activité : nous assistons à la tempête, nous l’observons avec un mélange de crainte et de fascination, et peut-être ce regard est-il proche de celui qu’avaient les Européens au XVIIIème siècle lorsqu’ils observaient la montagne, plus grande que l’Homme, démesurée, une montagne qui ne peut être l’œuvre de Dieu tant elle est désordonnée, tant elle se répand. La tempête a de cela, on ne sait quelles sont ces limites, elles semblent toujours repoussées, la tempête est une manifestation sublime. Plus loin dans le roman La Salle de bain, je lis autre chose et retrouve Dezsó Kostolányi : « Peu à peu, je commençais à sympathiser avec le barman. […] L’absence d’une langue commune ne nous décourageait pas ; sur le cyclisme, par exemple, nous étions intarissables. Moser, disait-il. Merckx, faisais-je remarquer au bout d’un petit moment. Coppi, disait-il, Fausto Coppi. Je tournais ma cuillère dans le café, approuvant de la tête, pensif. Bruyère, murmurais-je. Bruyère ? disait-il. Oui, oui, Bruyère. Il ne semblait pas convaincu. Je pensais que la conversation s’en tiendrait là, mais, alors que je me disposais à quitter le comptoir, me retenant par le bras, il m’a dit Gimondi. Van Sprigel, répondis-je. Planckaert, ajoutai-je, Dierieckx, Willems, Van Impe, Van Looy, de Vlaeminck, Roger de Vlaeminck et son frère, Eric. Que pouvait-on répondre à cela ? Il n’insista pas. » Je crois que j’ai un attrait profond pour ce genre de conversation, durant lesquelles on passerait de Marcel Cohen à Jean-Bertrand Pontalis, Jean-Philippe Toussaint, Stefan Zweig avant de finir par Dezsó Kostolányi. Et après Kostolányi, il n’y a plus grand chose à rajouter. Kostolányi, ça a de quoi couper le sifflet à n’importe qui.

WAT HEEFT DIT VERHAAL GEÏNSPIREERD?

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